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retour de sa brebis égarée an bercail, simple et digne dans ses manières et ses discours, rendit grâces à Dieu d’un changement auquel son humilité ne lui permit pas de croire qu’il pût prendre la moindre part.

La célébration de l’office et la cérémonie de la communion eurent lieu sans aucune circonstance remarquable. On observa cependant l’humilité profonde et l’émotion singulière avec lesquelles mademoiselle de Soulanges reçut le sacrement.

Louise avait tout à la fois la pureté d’un enfant et la force d’intelligence d’une fille de seize ans ; aussi s’approcha-t-elle de la communion avec une confiance en Dieu et une crainte d’elle-même qui produisirent une impression profonde sur toute l’assemblée.

Cependant, lorsque la cérémonie fut terminée, au silence auguste qui régnait, succéda bientôt cette rumeur sourde causée par le déplacement des sièges et les chuchotements des personnes qui remplissaient l’église. M. de Soulanges entraîna le jeune de Lébis avec lui, pour se rapprocher de la comtesse, qui se tenait près de sa fille, dont elle protégeait la retraite au milieu de la foule pressée sur son passage pour la voir. Le concours de monde était si grand, et les efforts du bedeau ouvrant la marche eurent si peu de succès, qu’il devint impossible de se diriger vers la grande porte de l’église, devant laquelle était la calèche. Pour éviter un si long trajet, M. de Soulanges engagea la comtesse à se retirer avec sa fille et les jeunes communiantes dans la sacristie, près de laquelle il se proposait de faire avancer la voiture, ce qui eut lieu. Il y avait déjà quelques instants que ces dames y étaient arrivées, quand le bedeau, retardé par cette contre-marche, les rejoignit et disposa des chaises pour faire reposer les quatre communiantes. Assises en cercle, les yeux baissés et les mains jointes, elles demeurèrent ainsi sans changer d’attitude, pendant que le curé se dépouillait de ses vêtements sacerdotaux, et que plusieurs petits enfants de chœur aidaient le bedeau à remettre tout en ordre.

Durant plusieurs minutes, madame de Soulanges, respectant la pieuse immobilité de sa fille, s’était tenue près