Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/536

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trouver plus mal s’augmenta à chaque pas qu’il fit pour rentrer chez elle. En poussant doucement la porte, il sentit son cœur se troubler toujours plus, jusqu’au moment où d’un regard rapide il reconnut à l’expression des assistants que le mieux se soutenait.

En effet, Louise avait repris l’usage de ses sens, de la parole, de sa raison. Elle essayait quelques phrases en tenant la main de sa mère, à qui elle souriait ainsi qu’au curé, tandis que les trois médecins, silencieux et graves, observaient tout d’un endroit écarté.

Cependant les deux docteurs étrangers, après avoir assuré de nouveau M. de Soulanges qu’il pouvait mettre toute sa confiance en M. Delahire, firent entendre qu’ils allaient se retirer. Le père de Louise les accompagna. Comme il les conduisait vers la voiture, ils rencontrèrent sur l’escalier le jeune de Lébis. Celui-ci s’avança vers eux avec précipitation, en les interrogeant du regard. Mais ce que dirent les médecins fut loin de confirmer les nouvelles que le comte avait données ; et malgré leur réserve extrême, Edmond s’aperçut facilement qu’ils ne conservaient que bien peu d’espérance. Glacé d’effroi, il les laissa passer, les vit partir, et se rapprocha vivement du comte qui rentrait, pour lui adresser une demande que l’état d’angoisse où il était pouvait seul lui faire hasarder, c’était d’être admis quelques instants dans la chambre de la malade.

Avec sa nature facile et dans le trouble où il était, le bon M. de Soulanges l’y eût introduit tout aussitôt, si par quelques mots le jeune de Lébis ne lui eût fait sentir qu’il serait bien aise d’avoir aussi le consentement de la comtesse.

Pendant la retraite des médecins et dans l’heure qui suivit, mademoiselle de Soulanges avait recouvré de l’activité de corps et d’esprit. Elle était même redevenue assez maîtresse de sa raison pour comprendre le danger qui menaçait sa vie, et employer son adresse auprès de ses parents, de manière à leur en dissimuler la gravité. Par des paroles tendres et caressantes elle les rassurait ; elle les remerciait de leurs soins, et achevait par des petites coquetteries de malade