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fois elle ne tarda pas à faire des réflexions sur la démarche singulière du prince, et soupçonna ce qui était, que les bruits flatteurs répandus sur son compte lui valaient l’honneur de cette visite.

En noble dame de maison, la marquise disposa tout pour recevoir son hôte royal. Plusieurs hommes dévoués à son service ayant été chargés de différente commissions, elle ne s’en reposa que sur elle-même du soin de veiller aux apprêts du repas. Sans perdre de temps, elle fit rassembler toutes les poules que l’on put trouver dans le pays, et après avoir fait distribuer cette seule espèce de viande à ses cuisiniers, elle leur ordonna de les accommoder diversement pour le banquet royal.

Le lendemain, le roi arriva, et fut reçu par la marquise avec les honneurs qui lui étaient dus. Le prince, tout favorablement prévenu qu’il pouvait être par les éloges que le chevalier lui avait faits de la dame, la trouva plus aimable, plus séduisante encore qu’il ne se l’était imaginé. Il ne put contenir son admiration et fit hautement les louanges des charmes de la marquise ; car son goût pour elle était devenu plus vif encore, depuis que les rêves de son imagination se trouvaient réalisés. Après que l’on eut pris quelque repos dans une salle soigneusement ornée, selon l’étiquette qui doit s’observer auprès d’un si grand roi, le moment du dîner arriva. Le roi et la marquise s’assirent à la même table, et toutes les personnes de la suite prirent place, selon leurs rangs, à des couverts dressés exprès. Le roi mangea successivement de plusieurs mets, but des vins exquis, et, sans rien perdre de la satisfaction que lui causait la vue de la belle marquise, prit grand plaisir à bien dîner. Quand son appétit fut un peu calmé il commença à s’apercevoir que les mets, bien que relevés par des sauces très-variées, n’étaient cependant composés que de chair de poule. Son étonnement s’accrut encore lorsqu’il fit réflexion que la contrée où il était abondait en gibier de toute espèce, et que d’ailleurs il avait eu le soin de faire annoncer son arrivée un jour d’avance, pendant lequel on devait avoir eu le temps de faire une battue. Le roi de France, moins peut-être encore pour