fortifient et répandent le calme dans l’âme. Je ne puis douter de ce qui est véritablement bien, mais au milieu des fanatiques et des intrigants, il faut de la réserve.
— On se reproche trop souvent d’avoir changé : c’est la chose qui a changé. Quelle chose plus désolante ? J’ai deux, trois, quatre amis : eh bien ! je suis contraint d’être un homme différent avec chacun d’eux, ou plutôt de montrer à chacun la face qu’il comprend. C’est une des plus grandes misères que de ne pouvoir jamais être connu et senti tout entier par un même homme ; et quand j’y pense, je crois que c’est là la souveraine plaie de la vie : c’est cette solitude inévitable à laquelle le cœur est condamné. Une épouse qui est de votre force est le plus grand des biens. Je la préférerais supérieure à moi de tous points, plutôt que le contraire.
Dimanche 9 novembre. — Revu l’amie. Elle est venue à mon atelier ; je suis bien plus tranquille et pourtant bien délicieusement atteint. Je lui suis médiocrement cher (comme amant s’entend), car je suis convaincu qu’elle a pour moi presque tout le tendre attachement que j’ai pour elle. Singulière émotion ! Chère femme, au moins ne réveille pas dans mon cœur de nouveaux tourments… Je trouvai tant de choses à lui dire, quand je ne l’eus plus. Il m’a semblé qu’avec le secret tout était dit, puisqu’il s’agit de ne plus faire un malheureux. Mais je ne veux plus qu’on