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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

donner des noms et de classer est fatal à ces savants. Ils vont toujours trop loin et gâtent leur affaire aux yeux des indolents d’un esprit juste, qui croient que la nature est un voile impénétrable. Je sais bien que pour s’entendre, il faut nommer les choses ; mais dès lors, elles sont spécifiées, elles qui ne sont ni espèces

constantes, ni[1]

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Hier vu Dufresne le matin. — Travaillé au Turc à cheval et à la vieille. — Le soir chez Leblond.

Dimanche 6. — Leblond venu à l’atelier. — Dîné chez Scheffer avec Soulier et lui. Bonne soirée et promenade avec Soulier.

Nous avions rencontré avant-hier soir Dufresne, qui a dû partir ce matin pour la campagne.

— Franklin. Ne pas oublier d’acheter la Science du bonhomme Richard.

— Quelle sera ma destinée ?… Sans fortune et sans dispositions propres à rien acquérir : beaucoup trop indolent, quand il s’agit de se remuer à cet effet, quoique inquiet, par intervalles, sur la fin de tout cela. Quand on a du bien, on ne sent pas le plaisir d’en avoir ; quand on n’en a pas, on manque des jouissances que le bien procure. Mais tant que mon imagination sera mon tourment et mon plaisir à la fois, qu’importe le bien ou non ? C’est une inquiétude, mais ce n’est pas la plus forte.

  1. La suite manque dans le manuscrit.