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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

conflit, le consul est tombé. Ensuite laissé tous deux ; allant sans se lâcher du côté de la rivière, y tombant tous deux et le combat continuant et en même temps cherchant à en sortir ; les jambes trébuchent dans la vase et sur le bord, tout sales et luisants, les crins mouillés. A force de coups, le gris lâche prise et va vers le milieu de l’eau, le noir en sort, etc… De l’autre côté le soldat tâchant de se retrousser pour retirer l’autre.

La dispute du soldat avec le groom. Sublime avec son tas de draperie, l’air d’une vieille femme et pourtant quelque chose de martial.

En revenant, superbes paysages à droite, les montagnes d’Espagne du ton le plus suave, la mer bleu vert foncé comme une figue, les haies jaunes par le haut à cause des cannes, vertes en bas par les aloès.

Le cheval blanc entravé qui voulait sauter sur un des nôtres.

Sur la plage, près de rentrer, rencontré les fils du kaïd, tous sur des mules. L’aîné, son burnous bleu foncé ; haïjck à peu près comme notre soldat, mais bien propre ; cafetan jaune serin. Un des jeunes enfants tout en blanc, avec une espèce de cordon qui suspendait probablement une arme.

30 janvier. — Visite au consul anglais et suédois. Le jardin de M. de Laporte[1]. Tombeau dans la campagne.

  1. M. de Laporte était alors consul général de France au Maroc.