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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.


31 janvier. — Dessiné le Maure du consul sarde. — Pluie. — En allant chez le consul anglais, remarqué un marchand assez propre dans sa boutique ; le plancher et le tour garnis de nattes blanches avec des pots et marchandises seulement d’un côté.

2 février, jeudi. — Dessiné la fille de Jacob en femme maure[1]. — Sortie vers quatre heures. Un Maure à tête très remarquable qui avait un turban blanc par-dessus le haïjck. Tête des Maures de Rubens, narines et lèvres un peu grosses, yeux hardis. — Remarqué les canons rouillés.

Le vieux Juif dans sa boutique en redescendant à la maison (Gérard Dow)[2]. — Femme avec les talons et, je pense, les pieds peints en jaune.

Vendredi 4 février. — Dessiné après déjeuner d’après le Maure du consul sarde.

Sorti vers deux heures ; été voir le consul de Danemark ; passé devant l’école.

Incinctus, gens qui ne sont pas guerriers. Cinctus ou accinctus, militaires. Cette distinction qui existait chez les anciens se trouve ici. La gélabia, costume

  1. La plupart des dessins indiqués dans le journal se retrouvent dans l’album d’aquarelles que le maître offrit au comte de Mornay, au retour du voyage, aquarelles qui, mises en vente le 19 mars 1877, produisirent un total de 17,235 francs. (Voir Catalogue Robaut.)
  2. Delacroix ressentait la plus vive admiration pour les maîtres hollandais. Le souvenir de Gérard Dow, évoqué par une scène marocaine, est curieux à noter ici.