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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

vices extraordinaires qui semblent être l’apanage des natures puissantes.

22 septembre — Il serait plus raisonnable de dire que ces hommes en qui le génie se trouvait uni à une grande faiblesse de constitution, ont senti de bonne heure qu’ils ne pouvaient mener de front l’étude et la vie agitée et voluptueuse comme le commun des hommes organisés à l’ordinaire, et que la modération dont ils ont été conduits à user pour se conserver, a été pour eux l’équivalent de la santé, et a même fini, chez plusieurs, par faire triompher leur tempérament débile, sans parler des charmes de l’étude qui offre des compensations.

Muley-abd-el-Rliaman[1], sultan du Maroc, sortant de son palais, entouré de sa garde, de ses principaux officiers et de ses ministres.

Contre la rhétorique. La préface d’Obermann et le livre lui-même. — Un peu de rhétorique dans cette préface, celle, bien entendu, qui n’est pas de Senancour[2].

  1. Ce tableau était un des cinq envois que Delacroix fit au Salon de 1845. (Voir Catalogue Robaut, no 927.) À ce propos, il écrivit au critique Thoré, qui avait été un de ses premiers et de ses plus fervents admirateurs, ce curieux billet : « J’ai envoyé, cher monsieur, cinq tableaux… Mettons-nous en prière à présent, pour que messieurs du jury laissent passer mon bagage. Je crois qu’il serait bon de n’y pas faire allusion d’avance, de peur que par mauvaise humeur ils ne réalisent cette crainte. » (Corresp., t. I, p. 301.)
  2. Étienne Pivert de Senancour, écrivain moraliste né à Paris en 1770, mort en 1846. Rêveur sans illusions, athée et fataliste, il écrivit un cer-