Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Dîné chez M. Thiers ; j’éprouve pour lui la même amitié et le même ennui dans son salon.

À dix heures avec d’Aragon chez Mme Sand ; il nous parle d’un ouvrage très intéressant, traduit par un M. Cazalis : La douloureuse Passion de N. S., par la Sœur Catherine Emmerich, extatique allemande. Lire cela. Ce sont des détails très singuliers sur la Passion, qui sont révélés à cette fille.

1er mars. — L’Afrique vaincue, nos soldats se jetant à la mer pour en prendre possession.

La bataille d’Isly traitée poétiquement.

L’Égypte soumise au génie de Bonaparte, etc.

— Je me suis mis, après mon déjeuner, à reprendre le Christ au tombeau[1]. C’est la troisième séance d’ébauche ; et, malgré un peu de malaise au milieu de la journée, je l’ai remonté vigoureusement et mis en état d’attendre une quatrième reprise.

Je suis satisfait de cette ébauche, mais comment conserver, en ajoutant des détails, cette impression d’ensemble qui résulte des masses très simples ? La plupart des peintres, et j’ai fait ainsi autrefois, commencent par les détails et donnent l’effet à la fin.

Quel que soit le chagrin que l’on éprouve à voir l’impression de simplicité d’une belle ébauche disparaître à mesure qu’on y ajoute des détails, il reste encore beaucoup plus de cette impression que vous

  1. Ce tableau fut peint à l’origine pour le comte de Geloës.