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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Un homme né et élevé comme elle serait difficilement devenu ce qu’elle est tout naturellement. Causé le soir avec *** d’Athalie, etc. Il a été fort aimable.

Venu des hommes de toutes couleurs. Une madame Ugalde qui a du succès à présent, à l’Opéra-Comique, a chanté un air du Val d’Andorre ; elle m’est peu sympathique, prononce d’une manière vulgaire et a la juiverie peinte sur la figure… Contraste avec Rachel.

Beaucoup causé musique avec Armand Bertin. Parlé de Racine et de Shakespeare. Il croit qu’on aura beau faire dans ce pays, on en reviendra toujours à ce qui a été le beau une fois pour notre nation ; je crois qu’il a raison. Nous ne serons jamais shakespeariens. Les Anglais sont tout Shakespeare. Il les a presque faits tous ce qu’ils sont, en tout.

Jeudi 5 avril. — Journée d’abattement et de mauvaise santé.

Je suis sorti vers quatre heures, pour aller chez Deforge[1] ; j’y ai rencontré Cabat[2] et Édouard Bertin[3], que j’ai revu avec plaisir.

— Le soir chez Mme de Forget, qui m’a lu un frag-

  1. Marchand de couleurs et de tableaux.
  2. Louis Cabat, peintre, et l’un des bons paysagistes de notre époque.
  3. Édouard Bertin, fils de Bertin l’aîné, frère d’Armand Bertin, né en 1797, mort en 1871. Élève de Girodet-Trioson, il devint un paysagiste distingué. Mais, en 1854, à la mort de son frère Armand, il abandonna la peinture pour se consacrer entièrement à la direction du Journal des Débats.