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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

sant, moins susceptible des impressions plus que mélancoliques que me donnait l’aspect de la nature ; je m’en félicitais tout en cheminant. Quai-je donc perdu avec la jeunesse ?… Quelques illusions qui me remplissaient à la vérité et passagèrement d’un bonheur assez vif, mais qui étaient cause, par cela même, d’une amertume proportionnée.

En vieillissant, il faut bien s’apercevoir qu’il y a un masque sur presque toutes choses, mais on s’indigne moins contre cette apparence menteuse, et on s’accoutume à se contenter de ce qui se voit.

Lundi 9 juillet. — Chez Piron, pour M. Duriez[1] : je le trouve on ne peut plus aimable. Il me retient à dîner pour le soir avant mon retour à Champrosay.

Samedi 14 juillet. — Travaillé à l’Ugolin et fait le soir la vue de ma fenêtre[2].

Dimanche 15 juillet. — J’écris à Peisse[3], à propos de son article du 8.

  1. Duriez, parent de Delacroix.
  2. Voir Catalogue Robaut, nos 754, 1176, 1177, 1178 et autres.
  3. Louis Peisse, littérateur, né à Aix en 1802. fut d’abord conservateur des objets d’art au Mont-de-piété de Paris, puis conservateur du Musée des études à l’École des Beaux-Arts. Il a publié des articles de critique et de philosophie dans le Producteur, le National, la Revue des Deux Mondes, les Salons de 1841 à 1844, dans ce dernier recueil. La lettre en question, qui figure dans la Correspondance (t. II, p. 18), contient des remerciements au critique pour un article élogieux que celui-ci avait fait paraître dans le Constitutionnel après le Salon de 1849.