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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

d’arbres ; le soleil du matin y donne des effets charmants.

Parti vers deux heures pour Fécamp ; nous voulions aller aux fameux Trous aux chiens. Cet ignoble sobriquet, appliqué aux beaux phénomènes que j’ai vus là, dépose contre la petite dose de poésie de notre peuple et son peu d’imagination… Nous sommes arrivés trop tôt, et je suis resté longtemps sur la jetée. La mer très bonne à étudier.

Partis pour notre excursion quand la mer a été assez basse. Il est bien difficile de décrire ce que j’ai vu, et malheureusement ma mémoire sera bien peu fidèle pour se le rappeler. La mer n’étant pas d’abord assez basse, nous avons eu quelque peine à arriver jusqu’à ces piliers, qui semblent d’architecture romane, et qui soutiennent la falaise, en laissant une percée par-dessous. Ensuite deux magnifiques amphithéâtres à plusieurs rangs, les uns au-dessus des autres, dont un beaucoup plus vaste que l’autre.

Dans l’un d’eux, je crois, cette grotte profonde, qui semble la retraite d’Amphitrite. Enfin, pour conclure, la grande arche par laquelle on aperçoit un autre amphithéâtre avec ces espèces de promontoires réguliers en forme de champignons placés à côté les uns des autres, et qui sont là comme des niches d’animaux féroces dans un cirque romain.

Nous nous sommes arrêtés là, apercevant de loin quelques beautés qui nous ont paru inférieures, et qui de près, peut-être, auraient mérité notre admiration.