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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Lu le matin Montesquieu, Grandeur et décadence.

Promené dans le jardin, avant déjeuner. Après cela, en bateau avec la cousine et une partie des petites filles[1] ; j’étais fatigué de la course de la veille et aussi de la vie que je mène, et surtout de ces repas, de ces vins, etc.

Je me suis occupé l’après-midi à composer avec des fragments de vitraux la fenêtre que Bornot veut mettre à l’ouverture laissée dans la chapelle de la Vierge.

Le soir, plusieurs parties de billard avec la cousine, pendant que Bornot dessinait les vues qui nous ont frappés dans les falaises.

Samedi 20 octobre. — J’ai appris, après déjeuner, la mort du pauvre Chopin. Chose étrange, le matin, avant de me lever, j’étais frappé de cette idée. Voilà plusieurs fois que j’éprouve de ces sortes de pressentiments.

Quelle perte ! Que d’ignobles gredins remplissent la place, pendant que cette belle âme vient de s’éteindre !

— Promenades dans le jardin… Adieu à ces beaux lieux, dont le charme est vraiment délicieux… Ce charme est bien peu goûté par les habitants de ce manoir. Au milieu de tout cela, le bon cousin ne

  1. M. et Mme Bornot avaient six enfants : un fils, M. Camille Bornot, et cinq filles qui en se mariant devinrent : Mmes Gavet, Lambert, Porlier, Pierre Legrand et Journé.