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Siècles, à présent l’homme et la mer sont aux prises :
L’histoire a commencé. Les îles sont conquises,
Le monde recule et grandit.
Le ciel s’élève. Au loin se répandent les races.
Partout où le soleil voit dans les verts espaces
Le flot courir, la nef bondit.

Hier, c’était, de pourpre éclatante vêtue,
Tyr la mystérieuse, et sa gloire abattue,
Carthage assujettit la mer ;
Puis ce fut la trirème, aux rameurs homériques ;
Et demain, c’est Lisbonne et ses marins stoïques,
Vaisseau de bois, âme de fer !

Si l’onde, où le royal étendard se reflète,
Bave sur l’aviron hardi qui la soufflette
Et, vengeant tant d’affronts soufferts,
Dégorge son trésor de vents et de tempêtes,
Hurle, et comme une troupe innombrable de bêtes,
Roule, — l’homme passe à travers !

Qu’importe à l’avenir le nombre des victimes ?
Le but sacré rayonne aux horizons sublimes,
Embarquons ! pleine voile ! allons !
La proue aventureuse a pour nom : Découverte !
L’Atlantide sourit par-dessus l’algue verte
Aux Jean Cousins comme aux Colombs !