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Page:Delarue-Mardrus - Peaux d’lapins, 1944.djvu/12

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manent. Celui-ci parcourait les environs de Challes pour y semer ces misérables cadeaux qu’elle réussissait toujours à découvrir, même lorsque cachés sous les verdures du printemps et de l’été, les feuilles mortes de l’automne ou les frimas de l’hiver.

S’il vous arrive de traverser la région voulue, vous aurez chance d’apercevoir la chétive silhouette. Vous la reconnaîtrez à ses cheveux. Ils l’enveloppent en plein jour d’un petit capuchon de clair de lune. Puisqu’elle va, le long des ornières, à la recherche de trésors, cette gamine ne saurait se mettre en route sans son panier ; panier qui, trop grand pour elle, et crevé, n’a d’autre anse qu’un reste de corde usée. Un raccommodage de fortune le rend encore utilisable pour un bout de temps. Et, ça, c’est justement toute l’histoire de Mariette.

De Mariette et de son grand-père.




Pendant ce vagabondage, d’autres de son âge travaillaient à l’école. Mais elle était déclarée «  instruite à la maison », une formule assez aristocratique. D’ailleurs on pouvait lui faire passer un examen. Elle savait lire, écrire, compter, le reste, et encore beaucoup d’autres choses qu’on n’étudie pas à la laïque. Et le catéchisme comme personne. Son grand-père lui disait tout le temps qu’il avait fait tous les métiers, étudié bien des matières, lu bien des livres. Cet homme était mystérieux. Un marchand de peaux de lapins non dépourvu de bonnes manières, et qui parle bien, cela ne se rencontre pas tous les jours.

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