Prises d’emblée, ses habitudes s’affirmaient. À chacun de ces trois jours, alors qu’il ne quittait guère le dessous de la voiture, il fallait bien, sur le coup de onze heures, le constater disparu. Vers midi seulement il rentrait, et la gueule pleine. Il semblait avoir compris la première parole de Marcel Ernée : « Nous n’avons pas de quoi te nourrir ! » Il se chargeait lui-même de son ravitaillement personnel. Le mystère était qu’il éprouvât le besoin de faire son repas devant ses hôtes, alors qu’il pouvait s’attendre à se voir dépouiller des trois quarts du butin. Mais il est inutile de chercher quelles peuvent être les raisons des chiens.
Les deux premiers matins, Polo ne rapporta qu’un ou deux gros os dénudés. Mais, le jour troisième, quel événement !
Ébouriffée et la tête pendante, la poule venait tout juste de cesser de se débattre entre les crocs féroces. Mariette eut, devant cela, des yeux plus grands que nature. Vieux os ou tripes trouvés dans la rue ou peut-être à l’abattoir, des rapts de cet ordre étaient encore admissibles. Polo ne faisait somme toute que ce qu’elle faisait elle-même tous les jours, allant à la recherche de l’aubaine offerte par le hasard miséricordieux à ceux qui n’ont rien. Objets brisés ou nourritures jetées à la voirie sont équivalents. Nul ne se trouvait lésé si de malheureux appétits en profitaient. Mais une poule, une belle poule comme celle-là représentait beaucoup d’argent, donc une perte grave pour ceux à qui le chien l’avait volée.
Lorsque grand-père, s’étant approché, retira la