Ce mot le situait, le petit garçon, à des distances qui permettaient tous les songes. Enfant magique, il évoluait dans un univers de glace où l’aurore boréale et le soleil de minuit entouraient d’arc-en-ciel ses yeux d’ombre et sa chevelure pâle.
Habillé comme sur le tableau fantastique, il écoutait siffler doucereusement à ses oreilles la voix perfide du spectre qui le poursuivait.
Pauvre petit garçon ! Il y avait de quoi pleurer ! Mourir dans les bras de son père sur ce cheval ventre à terre, dans cette nuit noire et blanche ?
C’était une histoire, naturellement. Mariette continuait à se la raconter d’après le récit de tout à l’heure, c’est tout. Elle savait très bien que des choses pareilles n’existent pas dans la réalité. Mais quoi ? Un petit Norvégien c’est, en tous les cas, quelque chose d’extraordinaire. Celui-ci restait pour elle un être comme on n’en voit pas en France, habillé tout autrement que nous, parlant une langue incompréhensible. Et sa chevelure pâle et ses yeux d’ombre, quand il viendrait, elle les retrouverait tels qu’elle les avait regardés sur le tableau, parce qu’il ne pouvait pas en être autrement, n’est-ce pas, étant donné qu’elle les voyait d’avance ?
Et lui ?
Lui ? Quand il serait devant elle, il dirait, comme sa mère, que Mariette était partout la reine, à cause de cette lumière sur sa tête. Car il serait charmé par elle autant qu’elle serait charmée par lui.
À cette pensée revenait son sourire d’orgueil. C’était enivrant de porter autour du visage, au-dessus des épaules, ce trésor flottant. Elle avait