vers la bâche. Il la suivit. Elle s’assit sur le banc de bois, lui sur la caisse d’emballage. C’était leur habitude à l’heure de causer ensemble ou quand il lui expliquait ses leçons, ou encore lui racontait des histoires.
— Je suis heureux, ma jolie, commença-t-il, que cette dame s’intéresse à toi comme ça. C’est peut-être le début de quelque chose.
Il rêva, la tête lentement hochée.
— Tu vois si j’ai bien fait de toujours surveiller tes manières ? On pourrait croire que je prévoyais ce qui t’arrive. Ça te faisait assez rire ! Pourtant c’est parce que tu es tout de même une petite fille comme il faut qu’on te demande pour tenir compagnie à ce petit garçon.
Plus rêveuse encore que lui, le menton tendu, les yeux levés, elle l’écoutait sans répondre. Il ne savait pas que les paroles bienveillantes qu’il venait de dire concouraient encore au bonheur secret qui se préparait pour elle. Il ne savait pas que le petit garçon dont il parlait, c’était le Prince Charmant, et qu’elle n’était pas encore assez pomponnée, assez transfigurée pour le rencontrer. Il ne le savait pas plus que Christine Peelmann elle-même, laquelle croyait simplement, parce que la chose l’arrangeait, rendre présentable une gamine qui valait mieux que ses apparences.
— Ah ! la bonne dame !… continua Marcel Ernée après un peu de silence. On m’avait bien dit qu’elle était comme ça !
Il réfléchit et demanda :
— Tu retournes chez elle quand, exactement ?