Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/128

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de terreur, elle se mord la main avec force, les yeux agrandis. Qu’est-ce qui va se passer, mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il faut faire ?…

Pendant un quart d’heure, l’enfant reste dans cet état, dans cette pose. Elle ne sait pas quel malheur a séparé ses parents. Elle sait seulement que papa est coupable et maman indignée, et que maman a dit qu’elle chasserait papa quand il reviendrait.

Un éclat de voix plus violent a fait bondir la petite. Sans savoir ce qu’elle va faire, elle se précipite, entre dans le salon. Elle a cru que maman était en danger.

Tous deux sont debout face à face, les yeux creux, la bouche tordue.

— Un goujat !… Un goujat !… Voilà tout ce que tu es !… crie Mme Villeroy, le visage tendu, pâle comme une morte.

M. Villeroy s’est retourné. Il regarde Toutoune entrer en courant, Toutoune qui crie et qui pleure, comme font tous les misérables enfants, quand la vie les jette parmi les scènes de leurs parents.