Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

particulièrement lancinante, parmi le cauchemar de son malheur. Elle ne lui donnait pas de nom. Elle ne savait pas encore que la jalousie existe.

Les champs avaient à peu près gardé leur aspect d’hiver. Les pommiers frémissaient à peine, en attente de leurs fleurs. Mais, au retour, en passant au crépuscule du côté de la balustrade, Toutoune, parmi le bruit des oiseaux qui se couchaient, découvrit une violette. Et tout le printemps entra dans sa poitrine avec le petit parfum.

Elle s’accouda, triste geste familier. Dans l’ombre des vieux vases chavirés, elle revenait donc de son rêve, la petite fille !

Ses yeux fixèrent longtemps le tournant de la route.

— Ils m’ont renvoyée…

Le jour tombait vite. Poussant sa bicyclette, elle rentra doucement au manoir, gênée par sa violette qu’elle avait très peur d’abîmer.