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sa robe de velours et son bonnet d’hiver, choisis à Paris par sa mère.

En traversant la ville, on avait respiré cette première bouffée d’héroïsme qui fit, aux premiers jours de la grande guerre, se lever d’un seul bond et en chantant toutes les communes, tous les villages, toutes les cités de France. On avait traversé la place où se faisait la réquisition des chevaux, reconnu la jeune jument Bijou tenue à la bride par la fermière et venue là, comme tant d’autres, appelée par son devoir de cheval-soldat.

À la gare, une agitation extrême régnait. Des garçons arrivaient à pied, en voiture, à bicyclette, à moitié vêtus en militaires. Des familles étaient réunies, et pleuraient.

— Votre train ?… répondirent les employés interrogés, il n’arrivera pas avant deux heures… s’il arrive !

Et, de nouveau, le cœur de Toutoune se remplit de peur, incommensurablement. Ainsi la guerre commençait tout de suite