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tant aimé, tant aimé !… C’est comme ça que sont les hommes.

Toutoune n’osait rien dire. Elle concentrait sa petite intelligence sur cette pensée : « Ne pas importuner maman. »

Les jours qui suivirent, Mme Villeroy, seule dans sa chambre, écrivit fiévreusement des lettres. Elle ne les envoyait pas, et finissait toujours par les déchirer. Ensuite, recouchée, elle pleurait.

Parfois, Toutoune, entrée sur la pointe du pied, lui apportait des fleurs. À travers les persiennes fermées, le soleil brûlant du dehors faisait mal à voir, comme dans les chambres des malades. Adèle, dans les couloirs, parlait tout bas.

C’est à table, à l’heure du déjeuner, qu’on apportait les journaux terribles de la guerre. Mme Villeroy jetait d’un air de sombre triomphe :

— Le gouvernement à Bordeaux !… Les Allemands à Bruxelles !…

Elle ajoutait désespérément :