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étrangers dans la maison. Est-ce qu’on sait ?… Peut-être que je ne suis pas leur fille ? Ils disent cela comme le reste, pour s’amuser. Papa ne me parle que pour me raconter des blagues, et elle, elle rit.

La mère Lacoste, quand nous nous retrouvons seules dans la maison, me regarde avec un drôle d’air, et me dit en soupirant : « Mon por’tit bézot, on n’t’a pas fait grande révérence encô c’coup-ci… » Et puis elle se tait comme si elle en avait trop sur le cœur.

Les petites filles que je connais à la ville et ici, au village, ont des parents qui leur ressemblent. Elles ont des mères qui restent avec elles. Il est vrai que, ces mères-là, ce n’est pas maman. Elle est trop belle pour rester avec moi qui suis laide. On dit que papa est beau aussi. Moi, je ne vois pas cela. C’est un monsieur, voilà tout. Et je ne l’aime pas.

Mais maman !… Oh ! ma maman ! Ma maman, parfumée, ma maman aux yeux bleus, ma maman aux jolies robes douces,