Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ma maman trop belle pour moi, ma maman, ma maman…

L’enfant nocturne sanglotait. Le petit lit était secoué. Dans la tête ronde aux deux grosses nattes couleur de foin, tout cela passait et repassait. C’était en désordre, non formulé, choses ressassées mais informes, car les enfants, même à eux-mêmes, ne savent pas dire.

Maintenant, elle sentait le sommeil venir. Sa maison, sa « légitime » était autour d’elle, vide, avec la lourde dormition de la vieille nourrice à côté, les ronflements, quelque part, de l’ancien douanier qui, les nuits, couchait en bas pour les garder toutes deux. Et, par delà les fenêtres à petits carreaux, il y avait le parc, puis la grande campagne normande, puis le ciel avec ses diamants, puis le monde. Et, tout au bout du monde, il y avait l’Algérie vers quoi se