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CHAPITRE III

RECHERCHES SUR LA NATURE ET LES CAUSES DE LA RICHESSE DES NATIONS.


Lorsque Smith écrivit, la Richesse des Nations, il avait déjà renoncé au projet de publier une Histoire générale de la civilisation. La longueur des études préparatoires qu’il avait dû déjà poursuivre, — malgré les milieux éminemment favorables où il s’était trouvé, soit dans la ville commerçante de Glasgow, soit à Paris dans la société des Économistes, — l’insuffisance des documents accumulés jusque-là, l’absence de renseignements statistiques de quelque étendue, tous ces obstacles lui avaient prouvé surabondamment que, dans l’état où se trouvait la science, la vie entière du savant le plus consciencieux ne pouvait suffire à une pareille entreprise. Il prit donc le parti de borner le champ de ses travaux. Abandonnant son dessein originaire, il classa les matériaux qu’il avait recueillis et il se décida à composer successivement deux ouvrages distincts, l’un sur les lois de la richesse, l’autre sur les principes de la jurisprudence ; puis, pour donner plus d’unité à chacun de ces éléments de son plan primitif, il résolut de substituer en partie, dans ces deux traités, la forme didactique à la forme historique, en se réservant toutefois d’y introduire incidemment les principales des études historiques qu’il avait préparées pour sa grande œuvre. Mais, de ces deux ouvrages auxquels Smith travailla dans sa solitude de Kirkaldy, un seul fut terminé et put être publié : ce furent les Recherches sur la Richesse des Nations.

En se rappelant ainsi l’origine étrange de ce livre célèbre, on ne devra donc pas s’étonner, comme l’ont fait un grand nombre de critiques des plus autorisés, de la multitude des digressions que l’on rencontre à toute occasion. Ces digressions ne font pas partie, à proprement parler, du corps même de l’ouvrage : ce