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rendu favorable au principe de la liberté des banques, mais, il insiste peu sur ce point qui a fait, depuis lors, l’objet de tant de controverses. La seule réserve qu’il croie nécessaire de faire à ce principe, a trait à la prohibition des trop petites coupures dont l’usage tendrait à chasser complètement le numéraire de la circulation ; mais, à part cette restriction, il estime que l’on peut, après cela, sans craindre de compromettre la sûreté générale, laisser à ce commerce, à tous autres égards, la plus grande liberté possible. » Il considère même que la multiplicité des banques, loin de diminuer les garanties du public, ne fait que les accroître en forçant les établissements à la prudence pour arriver à prévenir ce reflux du papier que leur suscite malicieusement, dit-il, la rivalité de tant de concurrents toujours prêts à leur nuire. « Elle circonscrit, en outre, ajoute-t-il, la circulation de chaque compagnie particulière dans un cercle plus étroit et elle restreint ses billets circulants à un plus petit nombre. En tenant ainsi la circulation divisée en plus de branches différentes, elle fait que la faillite de l’une de ces compagnies, événement qui doit arriver quelquefois dans le cours ordinaire des choses, devient un accident d’une moins dangereuse conséquence pour le public. Cette libre concurrence oblige aussi les banquiers à traiter avec leurs correspondants d’une manière plus libérale et plus facile, de peur que leurs rivaux ne les leur enlèvent. En général, dès qu’une branche du commerce ou une division du travail quelconque est avantageuse au public, elle le sera toujours d’autant plus que la concurrence y sera plus librement et plus généralement établie. » Le succès croissant des banques d’Écosse, sous le régime de la liberté, a donné raison au penseur de Kirkaldy, et, en 1826, ces établissements constataient avec orgueil que, dans l’espace de plus d’un siècle, les faillites des banques écossaises avaient à peine fait perdre au public la modique somme de 36.000 livres[1].

Dans toute cette étude, Adam Smith fait preuve constamment des principes les plus libéraux et il se garde avec soin des for-

  1. Cf. Courcelle-Seneuil. Traité théorique et pratique des opérations de banque, liv. IV, ch. I, p. 290.