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tous les échanges de la valeur de 20 schellings et au-dessus qui avaient coutume de se faire annuellement dans le pays. S’il arrivait une fois que le papier en circulation excédât cette somme, comme l’excédant ne pourrait ni être envoyé au dehors ni rester employé dans la circulation intérieure, il reviendrait immédiatement aux banques pour y être échangé en or ou en argent. Beaucoup de gens s’apercevraient bien vite qu’ils ont plus de ce papier que n’en exigent les affaires qu’ils ont à solder au dedans, et, ne pouvant le placer au dehors, ils iraient aussitôt en demander aux banques le remboursement. Ce papier surabondant étant une fois converti en argent, ils trouveraient aisément à s’en servir en l’envoyant au dehors, mais ils ne pourraient rien en faire tant qu’il resterait sous cette forme de papier. Il se ferait donc à l’instant un reflux de papier sur les banques, jusqu’à concurrence de cette surabondance, et même jusqu’à une somme encore plus forte pour peu que le remboursement éprouvât de la lenteur ou de la difficulté ; l’alarme qui en résulterait augmenterait nécessairement les demandes de remboursement. » On voudrait pouvoir citer en entier ces considérations remarquables qui dénotent des observations profondes sur cette délicate matière, et par lesquelles Smith a montré avec force combien est funeste pour une banque la surcharge produite dans la circulation par une trop forte émission de billets.

Il a témoigné aussi de vues élevées en examinant les diverses opérations auxquelles peuvent se livrer les banques de circulation. C’est dans ces opérations, selon lui, qu’est le danger. En effet, ce n’est pas tant une émission excessive de billets qui peut provoquer la ruine d’un établissement, puisqu’elle se trouve forcément ramenée à bref délai dans les limites nécessaires ; ce sont les placements qu’il importe de surveiller, c’est-à-dire la manière dont les banques utilisent leur crédit.

Ces placements consistaient principalement, pour les banques d’Écosse, dans l’escompte des lettres de change et dans des crédits hypothécaires de faible importance accordés sous forme de comptes courants. Or, cette distribution du crédit est fort délicate et Smith trace aux opérations de cette nature des bornes fort sages. Ce qu’une banque peut avancer sans inconvénient,