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Page:Delbos - La Philosophie francaise 1919.djvu/10

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LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE

En quel esprit Victor Delbos avait abordé cette étude, quel « sentiment profond » l’inspirait, c’est ce qu’il a marqué lui-même en des lettres écrites au cours des années 1915 et 1916 : « Notre œuvre la meilleure sera, je crois, — sans esprit d’exclusion ni d’isolement, — de renouer notre tradition philosophique de façon plus étroite et de rentrer dans la pensée française. Je sentais cela depuis plusieurs années assez vivement : de là mon retour à Descartes, à Malebranche, à Maine de Biran… Des études qui défendent notre culture valent encore mieux que celles qui critiquent à fond la culture allemande… Je crois que la pensée française a en elle assez de ressources pour se développer et se renouveler avec ses caractères propres. J’estime cependant que, en gardant son autonomie, elle doit rester largement ouverte. On peut observer et prendre autour de soi, sans se laisser conduire. »

Il tient donc essentiellement à ce que son œuvre de patriotisme reste une œuvre de vérité et d’humanité, sans que la moindre apparence contraire puisse en faire suspecter l’impartialité scientifique, le caractère positif, la valeur universelle et perma-

    cune de ses leçons en Sorbonne, Victor Delbos avait, selon son habitude, complètement rédigé, non pour s’assujettir à cette lettre (car il parlait d’abondance), mais pour amener sa pensée à la précision et à l’ordre désirables, comme pour réunir les citations expressives. Seul le texte de la leçon relative à Condillac et aux idéologues n’a pas été intégralement retrouvé : on y a pourvu d’une façon qui sera indiquée. En revanche, pour Saint-Simon et Auguste Comte, après la leçon qu’il leur avait consacrée, il avait, reprenant de fond en comble sa première rédaction, écrit en vue du livre projeté la plus grande partie du chapitre sur lequel ce volume s’achève : c’est au cours même de ce travail que la maladie l’a surpris.