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Page:Delbos - La Philosophie francaise 1919.djvu/11

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iii
LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE

nente. « J’ai un peu peur des effets de la campagne que, à la faveur de la guerre, quelques-uns mènent contre la sévérité critique et la précision du savoir. Pour ou contre certaines idées il faudra toujours tâcher d’avoir avant tout raison. » S’il cherche à réaliser ce qu’on pourrait nommer l’union sacrée de nos philosophes, c’est afin de montrer qu’ils n’ont « usé de notre esprit national que pour accomplir leur œuvre dans un sens universel et sans préjugé national », au seul service de « ces idées de droit, de justice, de dignité, qui doivent valoir pour les rapports des peuples comme des individus ». Leur fécondité n’est pas épuisée : si par leur dessein même de « procurer le perfectionnement des volontés autant que d’accroître la science contemplative » ils ont contribué à susciter les actes et à promouvoir la vie spirituelle, en retour les épreuves et les actes généreux auront nourri les âmes et susciteront des pensées meilleures encore. « Dans l’ensemble, écrivait Victor Delbos peu de jours avant sa mort à son ami l’abbé J. Wehrlé, les âmes françaises se sont montrées simples, courageuses, nobles. Elles ont révélé ou créé des forces morales incomparables qui peut-être tendront d’elles-mêmes à ce qui peut les maintenir et les perfectionner encore… Que cette épouvantable guerre purifie en les faisant triompher les énergies de notre pays ! Comme conclusion humaine, appelons de tous nos vœux l’avènement d’un ordre national et d’un ordre international nouveaux ; et comme pensée plus haute, la notion seule du sacrifice peut donner un sens à tout ce qui se passe…