Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/54

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d’Erasme… et Annicca restait bouche bée, ne comprenant pas un mot. Elle avait seulement l’intuition de quelque chose de terrible, et lorsque le prédicateur cita, à propos des vanités humaines, l’exemple d’Isabelle d’Espagne, la plus belle femme du monde, qui, peu d’heures après sa mort, devint un objet d’horreur et d’effroi, même pour le très-courageux duc de Candie, tellement elle était décomposée, la pauvrette se repentit d’avoir envié toutes ces demoiselles frisées et bien habillées. Elle demanda pardon à Dieu de s’être trouvée fort malheureuse, parce qu’elle était mal vêtue et laide.

Ensuite, elle se lassa d’écouter, l’ennui la gagna peu à peu et elle finit par ne plus rien entendre du tout. Elle détourna la tête et fixa les yeux sur le fond très-doux des fenêtres se rappelant la belle promenade à travers champs, le torrent, le pont, les pervenches et les marguerites, les chèvres qui broutaient sur la pointe des rochers.

Tout-à-coup, elle s’aperçut qu’un petit garçon s’appuyait fortement à sa chaise et qu’il tenait dans ses menottes une touffe de pâquerettes. Mon Dieu qui était-il, celui-là ? Caterina