Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/69

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autre jour elle pourrait nous reprocher d’avoir fait d’elle une domestique.

— Je ne le pense pas, répondit Maria, un peu contrariée. Elle est d’un bon naturel.

— Raison de plus pour ne pas en abuser, observa Paolo, en remontant sa montre, comme il le faisait chaque soir, et la mettant dans le porte-montre brodé.

Maria éteignit la bougie et alluma la veilleuse, placée dans la cheminée pour éviter les accidents.

Dans cette demi-obscurité, où la blancheur du lit se détachait avec un grand air de repos, Maria eut le courage d’exprimer à son mari le désir qu’elle avait elle-même d’économiser les frais d’une bonne, puisque c’était possible.

Maria Fara était encore une très-belle femme, brune, grande et forte, tandis que Paolo était plutôt petit et délicat. Il adorait sa compagne, mais ne se laissait point dominer par elle. Il ne lui disait pas tous les secrets de son commerce, et ne lui donnait pas toujours raison. De cette manière l’accord était parfait. Maria avait pour son mari plus d’estime et de respect, et cette crainte intime qui fait apprécier davantage une épouse.

— Mais non ! s’écria Paolo, d’un ton un peu