Page:Deledda - Elias Portolu.pdf/13

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une longue barbe noire non moins emmêlée. Par-dessus des vêtements assez sales, il portait une espèce de houppelande sans manches, en peau de mouton noir, dont la laine était tournée en dedans ; et, parmi toute cette fourrure noire, on n’apercevait que deux énormes mains rouge bronze et, au milieu du visage, un gros nez pareillement rouge bronze.

Vu la solennité de la circonstance, Zio Portolu se lava les mains, la figure, et il demanda un peu d’huile d’olive à Zia Annedda. Il se servit de cette huile pour oindre copieusement ses cheveux, qu’il démêla ensuite avec un peigne de bois, non sans pousser des exclamations arrachées par la douleur dont cette opération était la cause.

— Que le diable vous peigne ! disait-il à ses cheveux, en se tordant la tête. La toison des brebis est moins emmêlée que vous !

Finalement ; il vint à bout de l’entreprise. Puis, il se fit avec beaucoup de soin une petite tresse sur la tempe droite, une autre sur la tempe gauche, une troisième sous l’oreille droite, une quatrième sous l’oreille gauche. Après quoi, il huila et peigna sa barbe.

— Faites-vous-en deux autres encore ! dit Pietro en riant.