Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/108

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voûtée garnie d’énormes piliers en pierre brute. Sur le sol s’étalaient les objets les plus hétéroclites : vieux fusils, pots cassés, futailles vides à peu près pourries, lambeaux d’étoffe couverts d’une épaisse couche de moisissure.

Se frayant un passage parmi cet encombrement, Mathurine alla droit à une ouverture circulaire pratiquée dans le sol, à un angle de cette salle souterraine. Près de cette oubliette béante, sur un tas de paille moisie, était étendue une petite forme vêtue de gris… Sans un cri, Alix s’élança et, saisissant l’enfant, l’emporta loin de l’abîme.

Elle serrait contre elle le petit corps glacé par l’humidité intense, et Xavier, revenant de son engourdissement, murmurait :

— Alix, j’ai froid…

— Remontons vite, mademoiselle, il y a de quoi attraper la mort, ici, dit Mathurine, qui tremblait convulsivement.

En atteignant le rez-de-chaussée de la tour, elles se heurtèrent à Even. Dans l’obscurité du couloir, il ne vit pas Xavier et s’écria d’un ton inquiet :

— Ne l’avez-vous pas trouvé ?

— Si, monsieur Even, mais il faudrait du feu… Le petit est gelé ».

Le jeune homme ouvrit une porte et fit entrer Alix dans une salle carrelée, aux murs de pierre nue. Une immense armoire sculptée, un lit vermoulu, une table et quelques sièges en piteux état formaient tout l’ameublement de cette pièce, qui était la chambre d’Even.

D’un geste, le maître du logis désigna à sa nièce un fauteuil de paille et, se penchant vers la cheminée, mit une allumette sous les branches sèches entassées dans l’énorme foyer. En un instant, la flamme s’éleva en pétillant… Alix présenta à la douce chaleur l’enfant grelottant, et elle-même se sentit