Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/110

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— Je ne sais pas autre chose, monsieur… Demandez à Mme Orzal…

Elle semblait en proie à un cruel embarras. Heureusement pour elle, Xavier se mit à pleurer, ce qui détourna l’attention d’Even.

— Il a froid, dit Alix en serrant l’enfant plus étroitement contre elle.

— Il lui faut une boisson et un lit chauds…Portons-le promptement dans l’autre tour, car je n’ai rien ici de ce qui est nécessaire.

Il arracha à son lit une couverture et la tendit à Alix, qui en enveloppa son frère. La jeune fille fit quelques pas vers la porte avec ce fardeau, sous lequel ployait sa taille mince.

— Donnez-le-moi, dit impérieusement Even.

Elle obéit et déposa l’enfant entre les bras de son oncle. Celui-ci se dirigea vers la porte que venait d’ouvrir Mathurine.

— Monsieur Even, vous empêcherez cela désormais ! murmura-t-elle d’un ton suppliant quand son maître fut près d’elle.

— Empêcher quoi ? dit brusquement Even en la regardant avec surprise.

— Ce crime… Ce… Oh ! monsieur Even, empêchez qu’elle ne leur nuise !

— Qui, elle ?… Parle donc ! s’écria Even, impatienté. Que veux-tu dire ?… Qu’insinues-tu ?

— Rien, rien… Oh ! Seigneur, monsieur, vous savez bien qui a causé notre malheur ! gémit-elle sourdement. Je vous dirai tout… tout ce que je sais… Oui, il le faut… mais pas aujourd’hui.

Elle sortit la première, sans doute pour éviter de nouvelles questions. Derrière elle marchait Even, tenant avec précaution le petit Xavier, qui considérait avec une vague frayeur cette physionomie si souvent rébarbative. Mais l’enfant pouvait voir, tout près de lui, le beau visage de sa sœur, tout changé