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du traité conclu avec Charles X, s’est vue affranchie de ces appréhensions d'une nouvelle guerre avec l’ancienne métropole qui avaient jusque-là préoccupé l'esprit public, n’est pas parvenue, dans une situation si favorable et si propice à tous égards, à remettre la production agricole du pays au point où elle était arrivée sous les derniers gouverneurs de la colonie de Saint-Domingue.

Je sais bien que, pour être juste, Il faut faire la part des circonstances, et reconnaître que ce gouvernement, qui avait recueilli l'héritage des guerres civiles, a dû d’abord s’appliquer à pacifier les esprits, encore haletants et accoutumés à l’agitation, On comprend que la tâche était difficile et a été pénible ; mais il faut reconnaître aussi que, dans les quinze ou dix dernières années de cette longue présidence, il était possible de se mettre à l’œuvre, en combinant les moyens, non de contraindre la population, mais de l'intéresser au travail : en lui faisant comprendre, en lui faisant sentir que sa sécurité, son indépendance, son honneur, son avenir, son bien-être, son bonheur, dépendaient d’un vigoureux déploiement de l’activité agricole.

Il s’agissait de sortir de la routine, de recourir à des procédés d’exploitation plus efficaces que ceux de l'ancien régime. La plupart des peuples qui nous avoisinent se servaient déjà de ces procédés nouveaux, chaque jour renouvelés et perfectionnés par la science agronomique.

Aucun trouble dans les esprits ne pouvait distraire de cette entreprise la pensée du gouvernement. Les pré-