dant dans l’Artibonite et dans l’Ouest, le président partit enfin de la capitale pour aller la combattre. Il avait laissé passer l’heure propice pour cette pacification. Il n’emmenait avec lui que fort peu de troupes. Il ne s’était pas donné la peine, à son avènement au pouvoir, d’organiser une force armée propre à faire face aux circonstances. Mes avis ne lui avaient jamais manqué à cet égard. Il était soldat ; il avait passé sa jeunesse dans l’armée ; il devrait donc, ne fût-ce que par goût, s’occuper, lui, de remonter la force publique, toute disloquée depuis les dernières guerres civiles. Dans son indifférence, il ne fit rien de cela ; et il partit contre les insurgés avec quelques centaines d’hommes mal armés, mal équipés, au lieu d’entrer en campagne à la tête de régiments réguliers.
Il obtint d’abord quelques succès, grâce au prestige qu’avait son nom et à la bravoure qu’il déployait ; mais, à la longue, l’insurrection, au lieu de décroître, s’étendit, se renforça. Elle recevait régulièrement, par l’intermédiaire du gouvernement dominicain, des munitions et des secours en argent envoyés de Saint-Marc et de Port-au-Prince. Quand le président enlevait aux insurgés un poste important et les dispersait, des émissaires, partis de Saint-Marc ou d’ailleurs, allaient en hâte réorganiser la résistance sur un autre point, et amenaient ainsi peu à peu la guerre aux environs des principales villes, où en était la direction. Le président espérait pourtant toujours venir bientôt à bout de la rébellion.