Aller au contenu

Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Autour de moi s’élève un murmure confus.
Je distingue ces mots : « Rends-nous Démétrius ! »
J’allais me découvrir ; mais ici Stratonice
Restait abandonnée aux mains de Laodice !
Je pars ; et, pour calmer la fureur des soldats,
J’accuse hautement Rome de mon trépas.
Aux cris tumultueux succède un long silence.
Par ce calme trompeur j’assure ma vengeance.
La reine satisfaite a désiré me voir ;
Elle a vanté mon zèle à remplir mon devoir.
Elle voit dans la paix le fruit de mon courage.
Profitons du moment précurseur de l’orage !
Au camp, dans ce palais, partout je n’entends plus
Que ces mots répétés : « Rends-nous Démétrius ! »
Ô mon père ! il est temps que cette erreur finisse.
Viens : je vais me nommer en sauvant Stratonice !

NICANOR, le retenant.

Vous nommer en ces lieux teints du sang de mon roi ?
Le vôtre y va couler ! cédez à mon effroi !
Du fidèle Anténor craignez le sort funeste !
La garde nous observe. Ah ! l’espoir qui me reste
C’est de vous voir ici de la reine ignoré,
Poursuivre son trépas sous un nom abhorré.
Cachez surtout, cachez la victime à sa rage.
Moi, de ma liberté faisant un noble usage,
Dans le camp je pénètre ; et soudain ces guerriers,
Qui jadis sur mes pas ont cueilli des lauriers,
Instruits qu’au milieu d’eux Démétrius respire,
Empressés de revoir l’héritier de l’empire,
Guidés par mon courage, accourent à ma voix,
Du glaive des bourreaux sauvent le fils des rois,
Et, l’arrachant des mains d’une reine cruelle,
Le portent en triomphe au trône qui l’appelle !