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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/61

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DÉMÉTRIUS.

Au temple cependant mon frère est attendu.
Partout de mon trépas le bruit est répandu.
De mon peuple indigné redoutant la vengeance,
Pour le calmer, la reine, abdiquant sa puissance,
Satisfaite de voir ses forfaits impunis,
Pense les expier en couronnant son fils.
Je verrais mon sujet et sa coupable mère
Se disputer le prix du pur sang de mon père !
Tranquille, je verrais mon rival à l’autel
Jurer à ce que j’aime un amour immortel !
Non !… Je cours, écoutant le transport qui m’anime,
À ses lâches bourreaux arracher la victime !

NICANOR.

Ah ! demeurez !

DÉMÉTRIUS.

Ah ! demeurez ! Sais-tu qu’au conseil, en secret,
Ta fille, cette nuit, va subir son arrêt ?

NICANOR.

Ma fille ?

DÉMÉTRIUS.

Ma fille ? Oui. De ce crime on charge Héliodore !
Puis-je pour la sauver délibérer encore ?
Viens ! Tandis qu’en ces murs Laodice, à mes yeux,
Sur le trône d’un père insultant à nos dieux,
Par un nouveau forfait croit fuir sa destinée,
Je vais, en me montrant à l’Asie étonnée,
Le diadème au front et le glaive à la main,
Rendre aux guerriers un chef, au peuple un souverain.

(Il va au fond.)
NICANOR.

Seigneur, où courez-vous ?