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Ainsi répondras-tu, société légère,
Sans souci du cancer qui te ronge les flancs.
Mais chaque jour verra s’agrandir ton ulcère,
C’est la mort que tu vas léguer à tes enfants.

Il se prépare encor de grandes funérailles !
Et ces mondes brillants d’audace couronnés.
Comme de Jéricho les superbes murailles,
Tomberont tout à coup, car ils sont condamnés.

Il faut qu’un sang plus frais vienne gonfler nos veines ;
Il nous faut d’autres reins, il nous faut d’autres bras,
Il faut purifier les cœurs et les haleines,
Et relever les fronts qui se courbent trop bas.

Il faut qu’un vent d’en haut chasse les lourds miasmes
Qui rendent pestilent l’air que nous respirons ;
Il nous faut des vertus et des enthousiasmes,
Par là nous serons forts, par là nous grandirons.

Tu ne crois plus au vrai, tu ne crois plus au juste,
Vieille société faite de boue et d’or,
Tu cherches des plaisirs sur ton lit de Procuste,
Ah ! le fumier de Job est préférable encor !

O sainte pauvreté, mère des grandes œuvres,
Épouse du Devoir, compagne des Vertus,
Toi qui mets un reflet au nom de ces manœuvres
Qui passent parmi nous haïs et méconnus !

Pauvreté qu’honoraient les vieilles Républiques,
Pauvreté des savants, pauvreté des guerriers,
Je baise avec respect tes haillons héroïques :
Les hommes étaient fiers sous tes habits grossiers !