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GÉRARD DE NERVAL

tarda pas à nous rejoindre. Ce garçon n’était guère plus solide sur ses pieds que son compagnon ; il paraissait plus embarrassé encore de la présence d’un Parisien que de celle de Sylvie. Sa figure candide, sa déférence mêlée d’embarras, m’empêchaient de lui en vouloir d’avoir été le danseur pour lequel on était resté si tard à la fête. Je le jugeais peu dangereux. — Il faut rentrer à la maison, dit Sylvie a son frère. À tantôt ! me dit-elle en me tendant la joue.

« L’amoureux ne s’offensa pas. »

Je le crois bien ! C’eût été au contraire à Gérard de s’offenser, lui qui se rappelait le temps où Sylvie ne dansait jamais qu’avec lui, une fois par an, à la fête de l’arc, — le temps où, tout en allant boire du lait avec lui à la ferme suisse d’Ermenonville, pieds nus, peau hâlée, mais ravissante ainsi dans sa grâce sauvage, elle lui disait coquettement : « Qu’elle est jolie, ton amoureuse, petit Parisien ! » Jolie, oui, — mais plus oublieuse encore.