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rent le succès du combat. C’est plutôt un accord de sons guerriers qu’une suite de paroles. Ils s’attachent surtout à produire des sons rudes et un bruit rauque en serrant le bouclier contre leurs lèvres, afin que leur voix rejaillisse en échos plus terribles et plus retentissants.

c) La paix rétablie, le guerrier échappait aux longs ennuis de l’oisiveté par le plaisir de la chasse. Il affectionnait surtout les festins interminables, et « la cervoise qui écumait dans les cornes d’aurochs et les crânes d’ennemis vaincus ».

Les querelles, suite inévitable de l’ivresse, surgissaient bientôt, toujours terminées par des blessures ou le meurtre. Les barbares avaient pour le jeu de dés une passion insensée : lorsqu’ils avaient tout perdu, pour dernière ressource et sur un dernier coup, ils jouaient leur liberté et leur personne, et le perdant, le plus jeune et le plus fort, se laissait enchaîner et vendre sans résistance.

Quant au travail, tenu pour vil et méprisable, il était réservé aux faibles, aux femmes, aux vieillards, aux esclaves. Au reste, l’agriculture était rudimentaire, et le grand nombre des troupeaux était la seule richesse qu’ambitionnât le barbare.

4. Religion.a) Les Belges avaient comme dieux principaux : Hésus, le dieu suprême et tout-puissant, l’inspirateur de la fureur guerrière ; et Teutatès, le dieu tutélaire des voyageurs et l’inventeur des arts ; principe de l’éloquence, il était représenté sous les traits d’un homme auquel d’autres hommes étaient liés par des chaînes d’or partant de sa bouche.

b) Ils consultaient les sorts et interrogeaient le vol et le chant des oiseaux. Ils avaient en vénération singulière le gui du chêne, symbole de l’immortalité, auquel ils attribuaient la vertu merveilleuse de guérir tous les maux. « Un prêtre en robe blanche montait sur l’arbre, la serpe d’or à la main, et tranchait la racine de la plante que d’autres druides recevaient dans une saie blanche. Alors on immolait deux taureaux blancs dont les cornes étaient liées pour la première fois, et le reste du jour se passait en réjouissances[1] ». Le gui était partagé en petits morceaux et distribué au peuple.

c) Leurs prêtres étaient les druides ou hommes des chênes. Ils enseignaient l’immortalité de l’âme. Mais par-

  1. Namêche