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pays, et se substitua à l’ancienne langue celtique. On s’explique ce phénomène si l’on considère le séjour prolongé que faisaient en Italie les soldats belges servant sous la bannière romaine, et si l’on tient compte de la présence, dans les Gaules, de soldats romains, de fonctionnaires et de colons romains. Ajoutons que les vainqueurs nous apportèrent d’ailleurs un nombre considérable d’objets, de choses, que les anciens Belges ne connaissaient pas, qui n’avaient donc pas de nom dans leur langage, et qu’ils désignèrent naturellement par les termes latins. Mais le latin populaire se modifia rapidement et donna naissance dans le nord de la Gaule, à la langue romane d’Oïl, dont un dialecte est devenu la langue française actuelle.

Mœurs, religion. — Enfin, sous l’influence romaine, la barbarie s’adoucit par degrés ; les sacrifices sanglants des druides furent interdits. Bientôt se présentèrent les premiers missionnaires chrétiens : saint Piat évangélisa les Nerviens et mourut martyr à Seclin, en 299. Toutefois, les progrès du christianisme au début furent lents ; ce ne fut pas sans peine qu’on élagua les antiques croyances qui charmaient l’imagination de nos ancêtres et répondaient si bien à leurs aspirations guerrières. Il fallut pour cela des siècles de patience. Au reste, aujourd’hui même, elles se retrouvent en grand nombre dans les superstitions populaires.

L’obligation principale des Belges envers les Romains était le service militaire.

La longue durée de la domination romaine eut une influence heureuse sur la Belgique méridionale :

1o Les Romains tracèrent dans notre pays de magnifiques chaussées militaires, dont la principale allait de Boulogne, sur la mer, à Cologne, sur le Rhin, par Tournai, Tongres et Maestricht ;

2o Les postes fortifiés établis le long de ces routes devinrent les noyaux de plusieurs bourgades, et même de deux villes assez importantes, Tongres et Tournai ;

3o Le latin populaire remplaça l’ancienne langue celtique. S’altérant par la suite, il donna naissance