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À l’avènement de Clovis, cinq peuples principaux occupaient la Gaule : les guerriers francs s’étaient partagé le nord ; les Burgondes avaient conquis la vallée du Rhône, et les Visigoths la belle et riche contrée qui s’étend au sud de la Loire jusqu’aux Pyrénées ; les Armoricains étaient indépendants au milieu de leur presqu’île désolée et sauvage ; seule, la vallée de la Seine était restée aux Romains.

2. Ses conquêtes.a) Un dissentiment qui éclata entre Clovis et le préfet romain Syagrius, amena la guerre entre les deux. Syagrius, vaincu à Soissons, en 486, dut fuir chez le roi des Visigoths ; mais celui-ci, sur les menaces de Clovis, livra le fugitif qui eut la tête tranchée. Clovis résida dès lors à Soissons, puis à Paris.

On rapporte qu’au pillage d’une église les barbares avaient enlevé un vase de grand prix. L’évêque saint Remi pria Clovis de le lui restituer, et en effet, quand vint le partage du butin, Clovis demanda qu’on lui cédât le vase ; la plupart de ses compagnons d’armes y consentirent, mais un guerrier brisa de son arme le vase précieux en s’écriant : « Tu auras ce que le sort te donnera ! » Clovis dissimula sa colère. Or, l’année suivante, dans une revue, voyant la hache d’armes de ce guerrier couverte de rouille, il la lui arracha et la jeta par terre. Comme le soldat se baissait pour la ramasser, le roi, d’un coup de sa francisque, lui fit jaillir la cervelle : « Voilà, dit-il, ce que tu as fait au vase de Soissons ! »

b) Quelque temps après, Clovis épousa Clotilde, princesse chrétienne, nièce de Gondebaud, roi de Bourgogne.

c) En 496, les Alamans envahirent les possessions des Francs Ripuaires. Clovis marcha au secours de ceux-ci avec quatre mille guerriers, et livra bataille aux Alamans sur les bords du Rhin en Alsace[1]. Les troupes de Clovis fléchissaient quand tout à coup il s’écria : « Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je croirai en toi ! » Et soudain, chose merveilleuse, ses soldats se raniment, reprennent l’avantage et dispersent les ennemis. Il y avait en effet, parmi les compagnons de Clovis, beaucoup de soldats chrétiens. Ils combattaient avec mollesse pour la gloire d’un roi païen : mais la promesse de Clovis, en les transportant de joie, enflamma leur zèle et ramena la victoire.

  1. Kurth. Cette bataille a été longtemps confondue avec celle de Tolbiac, à laquelle Clovis n’eut aucune part.