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avoir de suite ! Nous savons de vérité que vous l’avez envoyé en Angleterre ; pour cela vous devez mourir ! — Artevelde se sentit perdu ; il joignit les mains et commença à pleurer, disant : « Seigneurs, tel que je suis vous m’avez fait, et maintenant vous me voulez occire sans raison. Vous le pouvez car je suis seul et sans défense contre vous tous. Vous me voulez petite récompense des grands biens qu’au temps passé je vous ai faits. Ne savez-vous pas comment tout commerce était mort en ce pays. Je l’ai relevé. Et après je vous ai gouvernés en si grande paix que vous avez eu toutes choses à volonté, blés, laines, avoines et toutes marchandises ». Ces paroles touchantes n’attendrissent point la foule ; elle crie tout d’une voix : Descendez et ne nous sermonnez plus de si haut, car nous voulons avoir compte du grand trésor de Flandre ». Artevelde alors ferma la fenêtre et voulut chercher asile dans une église voisine. Mais déjà sa maison était envahie. Les forcenés s’élancèrent sur lui, et il tomba sous leurs coups[1]. La ville de Gand a élevé une magnifique statue, sur le marché du Vendredi, au plus illustre de ses enfants.

1. Détresse des Flamands. — En 1328, le trône de France étant vacant, Edouard III, roi d’Angleterre, et Philippe de Valois, prince français, sollicitèrent la couronne ; le second fut élu. Dix ans plus tard, Edouard III prit les armes pour conquérir la couronne de France, mais le comte Louis de Nevers resta fidèle à Philippe de Valois. Edouard III, irrité, défendit l’exportation des laines anglaises en Flandre, et tous les ouvriers tisserands se trouvèrent bientôt sans travail.

2. Neutralité de la Flandre. — Des Gantois dans leur détresse demandèrent conseil à Jacques Van Artevelde, riche bourgeois affilié à la corporation des tisserands. On l’appelait le sage homme ; Artevelde conseilla aux Gantois de rester neutres entre

  1. Froissart.