Page:Deraismes - Eve dans l humanite - Les Droits de l enfant.pdf/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iii

sentant un contraste choquant avec la devise : Liberté, Égalité, Fraternité, inscrite à la tête de notre Constitution.

Le moment est donc opportun pour mettre au jour des études qui restent aussi actuelles qu’à l’heure où elles ont été produites en public.

La loi est encore la même ; le Code a gardé son immutabilité. Mais heureusement, si la lettre a été respectée, par un scrupule que nous ne saurions louer, l’esprit a subi d’importantes modifications.

C’est ainsi que se dresse une sorte d’antagonisme entre la loi qui décrète l’infériorité définitive du sexe féminin, et les faits qui rétablissent sa complète égalité.

Cette contradiction, en matière fondamentale, n’est qu’une aberration cérébrale qui ne saurait durer, et c’est pour la faire cesser qu’un groupe parlementaire, qui ne compte pas moins de soixante députés, a rédigé deux projets : l’un conférant aux femmes commerçantes le droit d’élire, tout comme les commerçants, leurs juges consulaires ; l’autre réclamant pour la totalité des femmes l’exercice de leurs droits civils.

Le premier a été voté par la Chambre dans la session de 1889 et a été repoussé par le Sénat ; le second n’a pas encore été mis en délibération. Ces deux projets, ayant été déposés dans la dernière législature, devront être présentés à nouveau au Parlement actuel ; et le plus curieux, cette fois, c’est que c’est le Sénat qui prendra l’initiative de la proposition des droits civils.