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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/218

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M. EVRART.

Si peu de gens savent les payer ! Jusque-là, M. Malquais et moi étions dans une situation trop brillante, pour que l’un de nous réclamât un service à l’autre. Absorbés chacun dans nos affaires, nous paraissions mutuellement oublieux ; d’ail leurs, les fréquents voyages de M. Malquais avaient rendu entre nous des relations impossibles. Mais quand arriva l’affreuse catastrophe, un jeune homme, paraissant ignorer le malheur qui venait de nous frapper, se présenta. « J’aime votre fille, me dit-il, et je viens vous la demander. » Je lui avouai ma position. Il me répondit noblement que c’était Mlle Evrart qu’il aimait, et non les millions de son père.

Mme EVRART.

Quelle grandeur d’âme !

M. EVRART.

Il me dit enfin son nom. Quel saisissement ! le fils venait payer la dette du père, en cédant à l’élan de son cœur.

Mme EVRART.

Et comme le nom des Malquais est vénéré de tous, Horace, en entrant dans notre famille, fit taire à l’instant les bruits injurieux qu’on s’était plu à répandre.

M. EVRART.

Nous sommes sauvés, en faisant le bonheur de notre fille. Tant pis pour les incrédules qui ne croient pas à la Providence. Maintenant, voici notre bonheur solidement établi.

Mme EVRART.

Ah ! rien ne troublerait ma joie, si un triste souvenir n’était venu assombrir mon esprit.

M. EVRART.

Lequel ?

Mme EVRART.

Tu ne saurais croire que toute la journée l’image de mon