Page:Deroin - Du célibat.pdf/12

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(la femme) n’était qu’une propriété aliénable [1] ; parce qu’enfin le mariage qui caractérise si évidemment l’époque d’esclavage de la femme, et qui est, en ce temps, l’arène ouverte à tous les intérêts les plus méprisables, ne saurait caractériser l’ère de l’affranchissement de la femme.

« Mais va-t-on s’écrier : si le mariage n’est plus le lot de l’humanité chrétienne, et si à la femme n’incombe plus la tâche de la procréation de l’espèce et de la conservation de la famille, quelle est donc sa tâche présente ?

» Sa tâche présente, sa tâche incessante, c’est de s’affranchir de la tutelle de l’homme à l’aide de tous les intérêts existants ; c’est de revendiquer, au nom de la justice, le droit commun qui, effaçant partout le privilége de sexe, donne à la femme le triple bénéfice moral, intellectuel et physique en toutes choses. Sa tâche présente, incessante, c’est de porter remède à l’immoralité par l’éducation et de répandre dans l’humanité les trésors d’amour et de dévouement qui sauront créer le mariage des âmes et des intelligences dans la liberté et dans l’égalité.

» Comme l’auteur de l’article précité, je pense que le célibat du prêtre officiel doit au plus tôt disparaître, puisque la virginité ne saurait être imposée ; mais, de même qu’elle ne peut pas être imposée, elle ne peut être empêchée. C’est pourquoi, par toutes les raisons supérieures qui s’y rattachent, raisons qui n’apparaîtront qu’en faisant disparaître toutes celles qui lui font obstacle dans le monde, il est permis de croire que la virginité, loin d’être une chose réservée ou occasionnelle, un privilége accordé aux natures d’élite, aux exceptions seulement, deviendra de plus en plus, dans un avenir moins éloigné qu’on ne pense, un privilége accessible à tous, un bénéfice moral, positif et certain. C’est en vertu du droit de la femme à la liberté et à l’égalité, et c’est au nom du peuple qui s’est

  1. Mais si quelqu’un croit qu’il ne soit pas honorable que sa fille passe la fleur de son âge sans être mariée, et qu’il faille qu’elle le soit, il ne pèche point ; que ses files, dans ce cas, se marient. Mais celui qui, n’étant contraint par aucune nécessité et étant entièrement maître de faire ce qu’il voudra, a pris une ferme résolution en lui-même de garder sa fille, fait bien. C’est pourquoi celui qui marie sa fille fait bien ; mais celui qui ne la marie pas fait mieux. (St-Paul, Épître aux Corinthiens, v. 36, 37, 38.)