Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/12

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produisît en Grèce, après les plus éblouissantes merveilles de l’Inspiration. La Volonté, néanmoins, allait y répondre en suscitant Euripide, et plus tard Ménandre et Théocrite. Au reste, l’heure est mal choisie pour rajeunir cette thèse, quand la Volonté, qui d’âge en âge a fait sentir dans tous les arts son influence toujours accrue, règne sans conteste à côté de l’Inspiration, sa rivale, la supplée parfois sans trop de désavantage, et sur tous les chefs-d’œuvre ne cesse d’imprimer, comme d’une griffe léonine, une marque puissante et furieuse. Le siècle est tout entier à ce magnifique déploiement de la Volonté mettant en œuvre des originalités innées et en tirant des ressources im prévues, tandis que leur trésor natif ne se fût peut-être pas renouvelé. Seriez-vous insensible à ce fréquent spectacle ? Toujours est il que, prenant la Musique pour exemple, vous nous dites : L’Inspiration sans al liage nous a donné Rossini. J’en conviens, et le don n’est pas médiocre.

Mais, avant Rossini, la Volonté, associée à l’Inspiration, avait créé les génies sacrés d’un Mozart et d’un Gluck ; elle a fait successivement surgir Beethoven, Weber, Mcyerbeer, Verdi, Wagner, Félicien David. Et vous, successeurs de ces maîtres que nous promet l’avenir, génies futurs, beaux et sympathiques comme l’espérance, vous ne serez pas à coup sûr des élèves de Rossini ! L’affranchissement artistique de l’Italie, la ferme attitude de l’Allemagne, l’ébranlement de la France, attestent cette victoire définitive de la musique réfléchie. Voilà déjà l’un de vos dieux qui, pour antagonistes,