Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/289

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deux peuples chez qui le moyen âge n’a pas disparu. t Au reste, parmi les poëtes allemands, les plus amoureux de l’art ont pu connaître, au moins en partie, ces richesses populaires de l’Italie. Beaucoup de ces « rispetti » et de ces « vilote » rappellent certaines pièces postérieures de Gœthe et de Heines ; un surtout, curieux de combinaisons rhythmiques, le comte de Platen, leur a emprunté un de ses mètres les plus ingénieux, les Stornelli, tercets aux harmonieux entrelacements. Ne leur a-t-il pas pris aussi ce don de brièveté expressive qui fait tenir dans quelques vers tout un infini de rêverie ? Il serait intéressant de poursuivre ces explorations. Ainsi, l’on a vu la poésie savante de la renaissance italienne s’imposer à d’illustres voyageurs tels que Milton ou que Shelley. Ces hommes du Nord ont toujours allumé leur génie àla chaleur divine du Midi. Puisse le souvenir d’un bienfait si constant rendre ces peuples plus chers l’un à l’autre !

L’amour est à peu près le thème unique de toutes ces poésies, thème monotone, si des passions qui affectent si diversement tous les hommes pouvaient jamais avoir leur monotonie. La langue du sentiment est toujours fraîche et toujours flatteuse ; il ne s’agit que de la bien parler. Que de tons, que de gradations du reste, depuis le soupir du premier aveu jusqu’au cri de la passion débordante ! Toute cette gamme du cœur est notée dans ces poëmes. Les ardeurs impatientes, dignes de Symœtha, tolèrent dans leur voisinage les plus rougissantes confidences, les plus timides chuchotements ; autant de poëmes, autant d’amoureux. Celui-ci,