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La Bletiere Ceres : ja desja par la nue
Juppiter fait sçavant d’une telle entreveuë,
Descouvre sa pensee à sa fille Venus,
320Disant, soient mes secrets de toy seule cognus
O ma belle Cytere, & voy par destinee
La blanche Proserpine au noir Pluton donnee.
La Parque le demande & l’antique Themis.
Or la Mere est absente, & le tout est remis
325Et au temps & à toy : descend donc en Sicile,
Enchante par les champs la lignee gentille
De la jaune Ceres demain dés que le jour
Embellira le ciel d’un luysant demi-tour :
Qu’il n’y ayt aucun lieu où ne brusle ta flamme :
330Que la triste Erynnis la souffre dans son ame :
Et que le cueur serré du severe Ditis
Sente que tes brandons ne sont pas amortis.
Venus obeissant aux volontez du Pere,
Il convie Pallas la sçavante guerriere,
335Et celle qui de traits rend Menale estonné,
De commencer aussi ce voiage ordonné.
Alors ces piedz divins emplissent d’un grand lustre
Tout ce qu’ils vont marchant par le sentier illustre.
Ainsi une comete apparoist bien souvent,
340Qui rouge presagist ou le feu ou le vent.
Le palle Notonnier redoute sa colere,
Et le peuple estonné en crainte la revere.
Elles voyans le lieu si beau & si plaisant,
Où paroist de Ceres le palais reluisant,
345Regardent à l’entour & le marbre & l’yvoire
Et l’electre & l’airain qui du temps ont victoire :